02/09/2013

PORTRAIT D’UN CHARRETIER Moussa Diouf, son cheval et son brevet


Sa vie n’est pas un long fleuve tranquille. Malgré de bonnes dispositions intellectuelles, le cocher ne s’est pas fait une place au soleil dans l’enseignement. Mais plutôt à dos de charrette. Portrait.

Le bonhomme a l’air zen quand il parle. Ce n’est qu’un faux-semblant. En réalité, Moussa Diouf est en rogne: « je suis charretier, et pourtant j’ai eu le brevet en 1989, j’ai fait un stage d’animation économique de trois mois, et j’ai au moins neuf attestions en langue nationale sérère ». Ce Palmarès aurait pu paraître chimérique sans le bon français que ce jeune cocher parle d’une voix éraillée où pointe ce soupçon de colère. La vie de ce natif de Ndiaga ndiao Fissel semble être un conte bien triste. Une chute à cheval lui vaut une claudication de la jambe droite : « Je devais avoir sept ou huit ans. C’était une  course d’ânes entre gamins. Je suis mal tombé et j’ai été mal soigné. Cela fait que je suis resté comme ça ». Une mésaventure qui n’entame en rien l’attachement qu’il porte aux équidés. Il préfère d’ailleurs gaver son cheval et mourir de faim : « Des 5 000 francs que je gagne quotidiennement, 3 000 à 3 500 sont réinvestis en paille et en soins divers pour le cheval. Puisque c’est mon seul moyen de survie… »

La route latéritique et poussiéreuse qui mène à Garage Saly mérite bien son nom ; Talli bou khonk (Piste rouge). L’ambiance est démente sur ce terminus pour charrettes. Les clients pressés, ne semblent pas indisposés par l’odeur du crottin et pis de cheval. Un petit marché en ébullition, juste à coté, vient ajouter au désordre ambiant. Dans ce concert de hennissements et de klaxons, Moussa, grand de taille malgré son handicap, se trouve dans son élément.  Son bonnet poussiéreux lui couvre sur sa tête mal coiffée. De grosses lunettes lui barrent une grande partie du visage. Une fine couche de poussière se dépose sur sa peau ébène de sérère. Après de mauvaises récoltes, en 2001, il quitte son village et vient gonfler les statistiques de l’exode rural. Mais, à Mbour, l’insertion escomptée dans la fonction publique ne s’est jamais réalisée. En déphasage avec le monde scolaire depuis 1995, le « diplômé de l’ancien système d’éducation », se dirige naturellement vers ce qu’il fait de mieux, la conduire un cheval : « je commence la journée à 7 heures, dit-il avec agacement, et, dès fois, il arrive que je ne fasse aucune rotation jusqu’à 10 h. Les taxes municipales nous épuisent jusqu’à la moelle. Rouler sur la chaussée nous est interdit, alors que nous payons quotidiennement 100 francs à Saly, et 250 à Mbour ».

Le charretier titulaire du brevet, parait avoir moins que ses 37 piges. Il raccroche son téléphone portable en rabrouant vivement son interlocuteur en sérère. Il s’excuse de son emportement dans un sourire jaune : « On vient de m’appeler  du village pour me dire que le sac de riz est fini. Je leur ai demandé de voir mes autres frères. Je leur ai envoyé beaucoup d’argent il n’y a même pas une semaine», dit-il, retrouvant quelque peu son flegme. Il veut rester monogame. Ce qui est une résolution de « bon sens »,   explique t-il, car il lui est déjà très difficile d’entretenir une épouse et trois enfants dans sa conjoncture. De toute façon il aime trop son épouse pour lui trouver une rivale. Il a eu à passer par une cascade d’événements pas toujours heureux. Mais le disciple tidiane qu’il est les surmonte grâce « à sa foi inébranlable en Dieu, et à la pensée que tout ira bien Inchallah ». Un optimisme doublé d’une magnanimité dont témoigne Pathé Ka, son ami : « A mon arrivée à Saly, ma charrette a été confisqué par la mairie, pour défaut de paiement de la taxe ; Moussa a payé 2 000 francs pour la récupérer alors qu’on venait à peine de se connaitre ».

L’homme qui « gagne plus en trois jours de Magal à Touba qu’en un mois à Saly » ne caresse malheureusement plus le rêve fou de retourner sur les bancs de lycée : « Il y’ a 10 ou 20 ans, j’aurais envisagé cette possibilité mais, actuellement, que voulez vous que j’aille faire à l école ? ». Le français qu’il parle, résultat d’une bonne formation scolaire, fait envie aux autres charretiers. Il se permet même une vanne envers la nouvelle génération d’écolier : « ils y vont juste pour ne pas rester à la maison ». Il avoue s’adonner à la lecture en cachette pour ne pas susciter l’incompréhension et les railleries de ses congénères. Un luxe qu’il se paie de plus en plus rarement puisque son boulot est harassant. C’est d’ailleurs sur ces entrefaites que le coxeur (rabatteur) lui signifie que c’est son tour de prendre des clients. Il tire sur les rênes du cheval qui avance dans un grand ébrouement.  Le charretier titulaire d’un diplôme et sa bête vont poursuivre cette journée de labeur entamée quelques heures plus tôt. Destination : l’école de mambara.

     Ousmane Laye DIOP

19/07/2013

INSTITUT DIAMBARS

UNE JOURNÉE A DEUX RYTHMES

On jongle d’abord avec les maths ou la philosophie. On pourra ensuite courir derrière le ballon. Il n’y donc pas de place à l’improvisation dans la formation d’un futur « pro » du foot.

Les études d’abord
Pour étonnant que cela paraisse, les footballeurs en devenir, passent plus de temps sur les tables-bancs que sur le gazon synthétique.  A Diambars, les effectifs ne sont pas pléthoriques. Dans l’unique et spacieuse classe de 1ère L, l’ambiance est calfeutrée. Sur les pupitres, seulement huit élèves. Sages comme des disciples face à leur prof de philo. La plupart sont de l’équipe junior du centre. Ils ont tous troqué leur habituelle tenue d’entrainement contre des tee-shirts, et sandales du même équipementier. Une disposition du règlement intérieur. La philosophie est déjà au programme : « C’est tout simplement une initiation, dit le professeur, ils n’ont que deux heures. En terminale ils devraient faire huit heures», affirme M. Diallo, le professeur. Diambars a pris les devants pour préparer ses futurs candidats au baccalauréat. Journée continue de 8 à 13 heures 30. Les mardis ou mercredis les cours démarrent à 9 heures à cause des entraînements  Et, exceptionnellement, des séances de rattrapage de 20 heures 30 à 22 heures après un match. Pape Malick Sakho est le gardien de l’équipe réserve.  Sur la table de l’enseignant, il présente une fiche de lecture verte. Après quelques remarques du prof, il retourne gribouiller quelques phrases sur sa feuille. L’enseignant, professant également au lycée Demba Diop, confie de sa voie grave : « Ici, nous pouvons à tout moment jauger du niveau réel de l’élève. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles le centre à de bons résultats scolaires. Les élèves régulièrement évalués deviennent plus performant s». Ces derniers ne trouvent pas cette instruction superflue. Mais ils ne cachent pas non plus leur préférence pour le football. Abdou Mbacké Thiam trouve que « l’enseignement est une garantie en cas d’échec, mais, dit-il Je n’envisage même pas une telle éventualité. Ma seule passion, c’est réussir ou réussir dans le foot ».  Une vérité un peu décevante pour le professeur. Avec beaucoup de philosophie, il déclare : «  Cela fait mal de savoir que certains accordent plus d’importance au sport, mais je me console en me disant que j’ai contribué, un tant soit peu, à leur inculquer au moins une notion. ».


Le sport, roi
L’après-midi est certainement le moment le plus animé à Diambars. Les entrainements qui y ont lieu entre 17 et 19 heures, du lundi au vendredi, brisent l’accalmie d’une journée bien ordonnée. Les mines sont enjouées. Sur les quatre terrains synthétiques, des chahuts fusent de partout entre joueurs : « C’est tout à fait normal de nous taquiner. Quand les choses sérieuses commenceront nous n’aurons pas le temps », ironise Pape Malick. Sa tunique rouge de portier, floqué du numéro 26, diffère des maillots bleus de ses coéquipiers. Sur la dalle qui sert de banc de touche autour de la pelouse, les « footeux » lacent leurs crampons. Puis, ils se jettent comme des affamés sur un tas de ballons.. Au coup de sifflet strident du préparateur, ils forment un peloton. Après quelques directives du superviseur, ils galopent sur la longueur du terrain, et trottent sur sa largeur. L’entrain est beaucoup plus palpable que le matin en salle de classe. Macky Diop,  jeune et longiligne attaquant des juniors, déclare à ce propos : « La tutelle a bien compris que pour motiver les joueurs, surtout pour l’école, il faut juste les priver d’entrainement ou de matches de compétition ». Deux heures de pratiques tous les après midi, weekend exclu, et, éventuellement,  les mardis ou  mercredis matin, sont au menu du planning d’entrainement.


Logique de l’équilibre
Avant et après les salles de classes et l’enjouement sur les terrains, la restauration constitue une point important de l’emploi du temps. Aux aurores, sonnerie stridente a déchiré le silence. La troisième, signifiant aux footballeurs du centre qu’il est temps de s’arracher des couettes moelleuses. Par groupes de deux ou trois, ils se dirigent vers la grande salle à manger après la demi-heure de toilette habituelle avant 7 heures. Les cours terminés, le Diambar retourne à la cantine pour un déjeuner bien consistant. Ils ne disposent que de trente minutes pour bien bouffer et faire la sieste. Un repos obligatoire qui va de 14 heures à 16 heures 30 : « Il y a des gens désignés pour surveiller l’effectivité de la mesure, souffle Pape Malick, mais le plus important  c’est que nous restions consignés dans les chambres ». Une détente forcée qui n’entame en rien l’ardeur des pensionnaires pour les séances d’entrainement de l’après-midi. La journée, entamée au restaurant, s’y termine également : « Dîner à 20 heures explique le portier; une heure de décalage si l’équipe première reçoit un adversaire ; et  dessert  à 22 heures. Puis dodo »
OUSMANE. L. DIOP


PAPE MALICK SAKHO GARDIEN DE BUTS


CHELSEA EN LIGNE DE MIRE

Le numéro un de l’équipe réserve de l’institut décline des ambitions difficiles, mais à sa portée. Portrait.

Comme une quille rouge qui attend la boule de bowling qui va la faucher, un garçon élancé occupe bien les 7 mètres 32 de cage, sur la pelouse synthétique de football. Pape Malick Sakho n’est pas manchot pour autant. Loin s’en faut. Et il n’a pas froid aux yeux, non plus. Il lorgne tout simplement le fauteuil, ou plutôt les buts, de son modèle et idole tchèque Petr Cech. Le portier de la réserve de l’institut Diambars, est obsédé par le club londonien de Chelsea : « La perspective d’y jouer éventuellement, si Dieu le veut, me motive chaque jour davantage. J’aimerais y évoluer car c’est le club de mes rêves ».  Un souhait qui résume la sourde détermination de ce goalkeeper longiligne. Avec ses faux-airs de bugs bunny, Pape Malick a de l’allant. Les traits réguliers de son visage poupin sont transfigurés un peu plus, à chaque fois qu’il se fend d’un sourire. Une tête bien faite qui gagnerait sans ses cheveux hirsutes.

Cadet d’une fratrie de trois enfants, sa venue à Diambars en 2007 de l’enfant de Sacré-Cœur 3  est le fruit d’un très heureux concours de circonstances. C’est d’ailleurs avec un sourire amusé qu’il raconte cet épisode de sa jeune vie: « A mes 12 ans, mon père m’a amené à Guinguinéo pour me punir de mes mauvais résultats scolaires. J’’y  ai intégré l’école de football, j’ai fait les tests de présélection de Diambars. Puis, j’ai eu la chance d’être reçu ». Des prestations encourageantes poussent la tutelle à le surclasser dans la promotion précédente, chez les 92 (il est né en 1993). Sa douce voix calme résonne dans le tranquille appartement 44 de l’aile d’habitation du centre.  On aurait du mal à croire qu’elle appartient à un gabarit aussi imposant. Un sourire juvénile et systématique ponctue ses déclarations innocentes et trahit ses 19 printemps.

Le rejeton d’une couturière et d’un ancien agent de l’Onas (Office national de l’assainissement du Sénégal) « aime croquer la vie à pleines dents. Il est un très grand bosseur quoiqu’un peu trop taquin» souligne Abou Mbacké Thiam son camarade de chambre. Lui-même ne cache pas son attirance pour les « belles meufs ». Optimiste et confiant en l’avenir, ainsi qu’on peut l’être à cet âge, le Diambar ne se refuse « rien ». Habillement in, le portier raffole des tendances à la mode. Vêtements moulants, et pantalons slim ultra serrés qui raviraient la vedette aux personnages de Sergio Leone constituent sa garde-robe. Le 7e art et ses classiques, cependant ne l’intéressent pas trop. L’épicurien arrive toutefois à trouver une ligne d’équilibre entre son goût pour les contingences matérielles, et sa foi musulmane et mouride. Il se fixe comme mission première de réussir dans le sport. « Pour aider mes parents en reconnaissance de tout ce qu’ils ont fait pour moi ». confie-t-il.

Le football, devenu foot business par la magie de l’argent et des médias, laisse l’apprenti-gardien un peu perplexe. Pour lui, la fin, au foot, ne justifie pas tous les moyens. Le dopage et les paris ? Hors de question ! C’est avec un sérieux insoupçonné qu’il raconte la désolante histoire d’« Un joueur sénégalais du FC Thoune (Club suisse) exclu à vie par la Fifa à cause d’un match truqué. Des bookmakers l’ont approché avec 7 000 euros pour qu’il ne se donne pas à fond. Son équipe a perdu et l’affaire a éclaté au grand jour. Il a été condamné à trois mois de prison ferme, expulsé, interdit d’accès en Suisse et dans tout l’espace Schengen ». Une mésaventure que le principal concerné est venu lui-même leur raconter afin de leur ouvrir les yeux sur les embûches du monde sportif professionnel. Mais : « le futur portier de l’équipe nationale » est un dernier rempart sûr. Il n’aime pas la triche.


OUSMANE L. DIOP

19/04/2013

 Voici quelques images des photographes de l’agence AP Rodrigo Abd, Manu Brabo, Narciso Contreras, Khalil Hamra et Muhammed Muheisen. Ces cinq photojournalistes composaient l’équipe AP qui a gagné le prix Pulitzer 2013 dans la catégorie Photographies d’actualité.












                                                                     






18/04/2013

NRA vs Barack 1-0


Mauvaise passe pour Barack Obama. Après l'explosion au marathon de Boston mardi, et une lettre empoisonnée à la ricine qui lui était destinée le même jour ; il vient de subir une cinglante défaite politique ce mercredi. Son projet de loi sur la vérification des antécédents d'acheteurs d'armes à feu, a été rejeté par le Sénat  (54 voix contre 46 pour). Le président d'habitude enjoué est cette fois ci enragé. Dans les jardins du Rose Garden il s'est interrogé : "Les américains se demandent par quel mécanisme une loi qui rencontre 90% d'adhésion populaire, ne passe pas". La réponse est pourtant toute simple; la mesure ne pouvait pas passer pour la bonne et simple raison que la NRA est très puissante. 

On pensait que le lobby pro-armes aux Etats-Unis a été ébranlé par l'onde de choc et la violente critique après le massacre de Newtown (14 décembre 2012). L'optimisme était de mise avec un président qui a clairement affiché son intention de prendre le taureau par les cornes. La  semaine dernière, le vote (68 voix pour) concernant l'ouverture des débats sur la législation des armes indiquait que la loi passerait comme lettre à la poste. Seulement les opposants avaient reculé pour mieux sauter. La réticence des démocrates issus d' états conservateurs (Arkansas et Dakota du Nord), et l'opposition républicaine bien ancrée combinées à l'influence de la NRA ont fait basculer la tendance. Malgré le contexte ambiant d'insécurité et les touchantes plaidoiries des familles de victimes, la faille légale qu'est le deuxième amendement de la Constitution demeure un obstacle infranchissable.

                                                     oui on peut parler du contrôle d'armes             Essaies pour voir

Obama qui a finalement fait preuve de courage politique en s'attaquant à la très redoutable, et au demeurant très redouté NRA, n'y est pas allé par quatre chemins pour exprimer tout son courroux:" C'est un jour de honte pour Washington ". Un autre texte qui interdit, la fabrication , la vente, et l'importation de centaines d'armes semi-automatiques comme celle d'Adam Lanza ; a été largement rejeté par les sénateurs à 60 voix et 40 contre. Toutefois le locataire de la Maison Blanche ne se démonte pas: "ce n'est que le premier round". Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, lui abonde dans le même sens: " Il y'a peu de choses sur lesquelles 90% d'américains tombent d'accord...ceci n'est qu'un commencement".
                                                                                                                                                                                   Usmaan Joop avec NYtimes
dessin de Kroll dans lecourrierinternational.com

05/03/2013

Alain GOMIS, sans trucages

" Tey " (Aujourd'hui en wolof). Un présent qui plonge dans un passé nostalgique et dessine un futur optimiste. Un étalon d'or et un autre de bronze, tous deux du Yennenga annoncent la couleur. Un double triomphe qui annonce la renaissance du 7ème art sénégalais.


Consécrations multiples
    
      Deux Sénégalais sur un podium  L'image est plutôt courante avec les longilignes athlètes Kényans. Alain Gomis et Moussa Touré ont réussi cette prouesse pour le Pays de la Téranga. Ils ont remporté respectivement, l’Étalon d'or et l’Étalon de bronze du Yennenga, dimanche à Ouagadougou. C'était en marge de la cérémonie de clôture du Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou (Fespaco). Ce couronnement continental démontre la haute facture cinématographique de leurs productions.
     La trame de " Tey "est assez originale. elle raconte l'ultime journée de Satché ( Saul Williams) qui se remémore son vécu. Et ce n'était pas forcément bien parti pour le réalisateur, Alain Gomis. Dans une interview, trois jours avant son sacre, il s'est dit dubitatif quand à l'issue des résultats. Préparation mentale à un futur échec ou fausse modestie ? C'est finalement son oeuvre, d'inspiration métaphysique, qui dame le pion à des productions " réalistes " beaucoup plus expressives des problématiques actuelles comme le terrorisme (Les chevaux de Dieu); La femme (Yema) ; ou l'immigration clandestine (La pirogue)
     En marge du palmarès officiel, le Sénégal a reçu beaucoup d'accessits, dont celui du troisième meilleur documentaire décerné à Ousmane William M'baye (Le Président Dia). Au total les cinéastes sénégalais glanent 11 titres. Un motif de satisfaction énorme.




Saisir la balle au bond
     
     A partir de " Tey ", le cinéma sénégalais est à un tournant décisif. Sans vouloir anéantir toute la production antérieure, cette oeuvre redonne un souffle nouveau à un 7ème art sur les rotules. Une pluie de distinctions qui interpelle forcément les pouvoirs publics. D'abord en finir avec cette avec cette instabilité au ministère de la culture. Un véritable bouche-trou institutionnel où près de dix personnes s'y sont succédées ...en dix ans. Ensuite, il va falloir définir un véritable programme sectoriel de développement pour la culture, avec le cinéma comme pierre angulaire. Enfin promouvoir ce qu'il sied d'appeler " le patriotisme culturel " auprès du public en imposant un quota de films des producteurs locaux et/ou africains aux chaînes de télévisions (privées) si nécessaire. L'heureux réalisateur ne s'y trompe pas " Ce prix doit servir à remettre le cinéma sénégalais sur les rails ". Les réactions d'euphorie se succèdent, surtout de la part des politiques. Une fois l'excitation retombée, il faudra bien s'y mettre pour perpétuer durablement la flamme d'espoir que viennent d'allumer cette génération spontanée de cinéastes. En 2002 aussi, une génération spontanée de footballeurs sénégalais avaient séduit tout le monde. Pour mourir de sa belle mort. Mais ça c'était avant. Parlons de " Tey" .                                                                                         
                                                                                                                           Usmaan Joop
photo de xalimasn.com

15/01/2013

Messi, l'agile aux pieds de géants

L'attaquant argentin du Fc Barcelone, Lionel Messi, a remporté lundi le Fifa Ballon d'or à Zurich, Suisse. Un sacre important puisqu'il devient désormais le seul footballeur à avoir remporté ce trophée 4 fois, et ce, de manière successive. Malgré le palmarès qui reste à garnir, le natif de Rosario est en passe de devenir le meilleur joueur de l'histoire du foot.

Le recordman.   Jim Hines, Mohamed Ali, les trois Michael (Jordan, Johnson, Phelps) Usain Bolt, Pelé, Sergei Bubka, Javier Sotomayor etc., accueillent un nouveau dans  le cercle restreint des sportifs de haut niveau. Lionel Andrès Messi Cuticcini remporte son 4ème Fifa ballon d'or consécutif, lundi à Zurich, et clôt une année 2012 exceptionnelle de records qui le plonge dans le gotha du sport mondial.

Messi n'a pourtant l'air de rien en face de ces gabarits. Son surnom la pulga (la puce) illustre ses mensurations modestes (1m69 / 68kg). Une "petitesse" disproportionnée par rapport à son talent démesuré. Un pied gauche chirurgical, un contrôle juste, une pénétration facile, une rapidité foudroyante, un jeu toujours porté vers l'avant et des statistiques ahurissantes en font le meilleur. En plus d'avoir été le ballon d'or le mieux élu en 2009( 473 pts sur 480 soit 98,5%), il a marqué... 91 buts dans l'année 2012 ( 61 buts en championnat, 13 en Ligue des champions, 12 avec l'Argentine, 3 en Coupe du Roi et 2 en Super coupe d'Espagne) ; en mars 2012 il devenait le premier joueur à marquer 5 buts dans un match de la ligue européenne des champions , en octobre 2012 (face à la Corogne) il marquait son 15ème triplé en championnat. ; et en décembre, grâce à ses performances le fc Barça en battant l'Athlético Bilbao prenait le meilleur départ de l'histoire du championnat de foot espagnol. Des chiffres  qui donnent le tournis autant qu'il en donne à ses adversaires. Pour la saison écoulée les statistiques de Messi tournaient à une moyenne vertigineuse de 1.58 but/match. 

Messi a ainsi reçu des éloges de ces partenaires et adversaires. L'ancien attaquant allemand Gert Muller, qui a vu son record de meilleur buteur sur une année civile tomber, ne trouve qu'un défaut à Messi : "c'est qu'il ne joue pas pour le Bayern". Des défauts, ou plutôt un défaut, il n'en manque pas pourtant. L'insuccès en sélection nationale que le génial argentin traîne comme un boulet. Son palmarès quasiment nul avec les albiceleste ( l'or aux J.O de 2008;  un seul but en phases finales de coupe du du monde ) constitue son talon d'Achille. Ses dernières prestations encourageantes en sélection, où il a gagné le galon de capitaine, et la perspective de remporter la coupe du monde chez l'éternel rival brésilien devraient le motiver un peu plus

Les autres. La consécration de Messi est tellement éclatante que l'on en oublierait la forêt de stars présentes dans la grande salle du palais des sports de Zurich. Son éternel et non moins impressionnant vis à vis le plus sérieux, Cristiano Ronaldo, arrive en deuxième position, pour la troisième fois depuis son sacre de 2008. Quant à l'espagnol Andrès Iniesta qui complète le podium, il devra se contenter de son titre de meilleur joueur européen de l'Uefa. L'on pourrait même se risquer à dire que sa non consécration doit lui laisser un goût amer, puisque après 2010 le voilà qui passe encore à coté de ce qui était probablement sa meilleure opportunité eu égard à sa saison beaucoup plus achevée que celle de ces deux concurrents. Beaucoup d'observateurs trouvent dommage, injuste même, que son nom n'apparaisse pas dans le palmarès du ballon d'or.

L'autre petit événement est la consécration de l'attaquante américaine Abby Wambach, élue meilleure joueuse du monde. La championne olympique  met fin à la longue suprématie de la brésilienne Martha (2006 à 2010). La fédération ouzbek a reçu le trophée fair-play ; le prix Puskas (plus beau but) est allé au slovaque Miroslav Stoch ; Vicente Del Bosque a été nommé, sans grande surprise, meilleur entraîneur de l'année. Et pour confirmer la bonne santé du foot espagnol, l' équipe-type 2012 de la Fifa est composée exclusivement de joueurs évoluant dans la Liga BBVA.

(1) voir l'hyperlien pour les statistiques sur Messi
photos de google.

17/12/2012

Comme au Far-West



Les Etats-Unis d'Amérique ont vécu une journée horrible vendredi avec une tuerie de plus. Adam Lanza, 20 ans s'est introduit dans une garderie d'enfants à Newtown, dans le Connecticut, pour abattre 26 personnes avant de se donner la mort.
      Encore une fusillade de plus aux Etats-Unis. La septième (d'envergure) de l'année 2012. Depuis celle de Columbine (Colorado) en avril 1999, on a la très choquante impression que des déséquilibrés rivalisent d'ingéniosité et de cruauté pour effacer les tablettes assassines d'un carnage précédent.
      
        On aura donc pas fini d'épiloguer sur la tuerie d'Aurora en juillet dernier dans un cinéma du Colorado, qu'un jeune homme de 20 ans s'est introduit dans un kindergarten pour ouvrir le feu. Il avait tué sa mère avant de commettre une boucherie sur des enfants de moins de 10 ans principalement. L'acte est tellement crapuleux que les mots manquent pour le qualifier. Et, pour la circonstance, c'est le président Obama himself, ému aux larmes qui a demandé  que les drapeaux soient mis en berne sur toute l'étendue du territoire.

     Le mal reste profond tout de même aux Etats-Unis. En question la facilité déconcertante avec laquelle les américains se procurent des armes à feu. Deux statistiques sur les armes aux Etats-unis toutes aussi terrifiantes qu'édifiantes: 283 millions d'armes à feu en 2004 soit 97 armes pour 100 personnes - 1,6 million de pistolets, 1,6 millions de fusils, 750.000 fusils de chasse et 530.000 revolvers en 2008 selon le Bureau fédéral de l'alcool du tabac et des armes à feu (ATF) (1). Une "coutume" légalisée et légitimée par le Deuxième amendement de la Constitution américaine qui stipule clairement que The right of the people to keep and bear arms shall not be infringed...(2) Qui connait, un tant soit peu l'histoire de la législation américaine saura que tout bon dirigeant étasunien n'aura pas le courage politique de s'attaquer à cette disposition . A cela s'ajoute la difficulté que pose la National Rifle Association (NRA), le lobby des armes qui ne veut entendre parler ni de réduction, encore moins de la suppression dudit amendement. Cette organisation est tellement redoutée que le débat sur les armes a miraculeusement été passé sous silence par Barack Obama et Mitt Romney dans leurs campagnes lors des présidentielles de 2012.
    
      Dans ce contexte, le passage des armes automatiques aux armes semi automatiques en 1994 est jusqu'ici la seule victoire que la législation étasunienne ait obtenue. Les Etats-Unis dépensent des milliards de dollar à se préserver de menaces terroristes extérieures alors que le danger interne est tout aussi prégnant. Barack Obama, qui fait preuve de tout sauf de courage politique sur la question des armes, a toutefois les coudées franches pour peser de tout son poids puisque toutes les calculs et appréhensions liés a sa réélection sont maintenant levés.
     En attendant, et c'est le paradoxe comme après chaque massacre, les citoyens de la nation la plus puissante au monde se ruent vers les armuriers...pour se protéger.
                                                 


                                                                                                                    Usmaan Joop


(1)http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20100629.OBS6351/les-armes-a-feu-aux-etats-unis-en-quelques-chiffres.html

(2)  le droit des individus à garder et détenir des armes ne doit pas être bafoué.
images de google
   

08/12/2012

Ferme la Ousmane

     Aduna daal mo gudd tank(décidément la vie nous réserve bien des surprises). Il y'a à peine 10 mois (février 2012) que le tout puissant ministre de l'intérieur de l'époque, Me Ousmane Ngom s'opposait catégoriquement à toute manifestation par respect pour l'ordre public selon lui. Des refus d'autorisations qui avaient radicalisé l'opposition et la société civile dans un contexte pré-électoral explosif et avaient débouché sur des affrontements mortels dont on se serait passé volontiers.
     Passé dans la nouvelle opposition depuis ce fameux 26 mars 2012, le même homme a fait un pied de nez à tous les citoyens sénégalais hier (jeudi 6 décembre 2012). Me Ngom a, en effet, poussé le cynisme ou l'hypocrisie jusqu'à enfiler sa toge d'avocat pour donner une leçon sur les libertés civiques et nous parler "d'illégalité". Non, non messieurs, dames vous ne rêvez pas, c'est bien Me Ngom qui nous parle d'illégalité. Volontairement amnésique de son chapelet interminable d'actes illégaux et anticonstitutionnels sous son magistère*, l'avocat nous démontre une chose par ses apparitions médiatiques répétées: que les audits déclenchés par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI) font peur.
     Le comité directeur du Parti Démocratique Sénégalais ne semble pas non moins inspiré en laissant passer cette erreur de communication à la limite de la faute politique (tout le monde au PDS aurait pu parler de légalité aux sénégalais sauf Me Ngom). L'annonce de la fameuse opération Gokhi* fait apparemment perdre la lucidité la plus élémentaire aux caciques de l'ancien régime... En attendant sa mise en oeuvre.

                                                                                         Usmaan Joop

* Voir à ce sujet l'article de Ibou Touré sur Setal.net Pourquoi Ousmane Ngom est mal placé pour  parler d'illégalité ?  du jeudi 6 décembre 2012- 10:23 

* Gokhi: Mot wolof qui signifie littéralement régurgiter, rendre de qu'on avait ingéré.

07/12/2012

Réciprocité

    Le Sénégal a décidé d'appliquer la réciprocité en matière d'attribution de visa. L'effectivité de cette mesure est prévue pour juillet 2013. un acte souverain que vient de poser le gouvernement pour répondre à une doléance longtemps émise par nos concitoyens. Les ambassades -occidentales surtout -avec leurs pratiques abusives (files d'attentes, refus injustifié du visa) ont frustré beaucoup de sénégalais et leur ont fait passer l'envie d'entreprendre des démarches dans ce sens. " L'humiliation " du professeur Omar Sankharé, agrégé en grammaire française s'il vous plait, en juillet 2012, par la représentation consulaire...française est une pilule qui a toujours du mal à passer. 
    Cette mesure plus symbolique que politique ne devrait toutefois rien changer à la situation puisque on parle de réciprocité de visa et pas de réciprocité des conditions d'obtention du visa.


Usmaan JOOP